La nostalgie, c'est chiant.

Je me trouve dans un grand champ de blé appartenant sûrement à un fermier. Comme d’habitude, je me retrouve donc là où je ne devrais pas être. Mais bon, pas grave, j’ai l’habitude. Donc je traîne entre les tiges de blé, cherchant un peu de compagnie du regard. Et là, qu’est ce que je vois ? Un jeune doberman en train de croquer dans un lièvre. Et comme j’ai rien d’autre à faire, je vais l’approche tout en restant prudente. On ne sait jamais.

En voyant le gros lièvre de plus près, mon ventre se met à gargouiller. J’ai faim moi aussi. Mais bon, j’vais quand même pas lui voler sa proie. Et puis je sais chasser de toute façon. Je m’assois non loin du chien, puis je lui lance.

- Salut. T’es qui ?

La douceur Luna, la douceur... Je devrais essayer de m’améliorer, d’avoir plus de tact... On me le reproche souvent, ça, mon manque de tact. Mais bon, je suis comme ça, douce ou pas. On m'aime ou on ne m'aime pas.

-Coucou ! J'suis Filou, et toi ?

Qui je suis ? Bonne question, qui restera malheureusement sans réponses. Ahah, nan, je rigole, je sais encore comment je m’appelle, et heureusement ! Bref, je plante mon regard noisette dans ses yeux.

Elle prend son lapin dans sa gueule, puis, d’un puissant coup de crocs, elle le « coupe » en deux morceaux. Un doberman, ça à de la force dans la mâchoire ! J’ai d’ailleurs pu le remarquer lors de ma rencontre avec Falco. Mais bon, les doberman sont peut-être puissant, mais les chiens loups aussi ! Et oui, je descends du loup, ce fier canidé, sauvage et incontrôlable, comme moi !

-Tu préfère quoi ? La tête ou le reste ?

Elle me propose de partager son lièvre ? Y’a un piège là ? Bon... Je ne sais pas vraiment quoi répondre... Écouter ma fierté qui me dit que je n’ai besoin de personne pour vivre et que je me débrouille très bien toute seule ou alors mon opportunisme qui me dit de profiter de cette opportunité pour ne pas avoir à chercher à manger moi-même ? Et bien finalement, ‘est mon estomac qui va décider. Je prends.

- La tête, merci.

Elle me lance la tête et commence à manger. Je croque à pleines dents dans le lapin, savourant cette nourriture bien meilleure que les croquettes que me donne Alan. C’est fade et sans goût, berk. A, tient, je me rends compte que je ne lui ai toujours pas dis mon nom. En faite, c’est bien comme ça, vu la réaction de certains chiens en apprenant qui je suis.

Des bruits de pas lourds et patauds viennent me tirer de mes pensées. Un homme. Je me lève d’un coup, mes oreilles se dressent sur ma tête. Un chasseur arrive, son fusil posé sur l’épaule. Il m’a vu. Je le regarde, un peu inquiète. Qu’est ce qu’il va faire ? Il ne va pas me tirer dessus quand même ! J’suis un chien, pas une proie !

Il cale bien son fusil sur son épaule et commence à viser. Je comprends alors qu’il me prend pour une louve. Sans réfléchir, je me mets à courir le plus vite possible en faisant des écarts de temps à autre pour qu’il ne puise pas réussir à me viser, puis je cris à la chienne que j’avais laissée là bas :

- Cours !

Elle se met à courir avec moi, puis, d’un coup, s’arrête et fait demi-tour. Mais qu’est ce qu’elle fait ?! Elle va se faire massacrée par le chasseur ! La doberman court vers lui puis lui bondit dessus avant de prendre le fusil et de l’envoyer voler plus loin. Elle l’immobilise au sol. Le pauvre homme pleurniche et la supplie de le lâcher, d’après le peu que j’ai compris.

-Huum... Tu peux venir m'aider, je le tiens !

Je m’approche d’elle et de l’homme, qui risque d’être traumatisé par les chiens après cette expérience. Ma raison me dit de le laisser partir, mais mon coté « méchant » veut s’amuser un peu. Mais après, ça ne nous apportera que des problèmes... Si il va se plaindre à la fourrière ou un truc dans le genre, on va être recherchées... Finalement, je prends le fusil dans ma gueule et le casse en deux d’un coup de crocs puissant, puis je grogne férocement avant de dire à Filou :

- Il faudrait le laisser partir maintenant. On va avoir des problèmes sinon.

La jeune doberman finit par relâcher le chasseur, qui s’empresse de se lever et de s’éloigner de nous. Je l’ignore, de toute façon, il ne peut plus rien nous faire sans son fusil. C’est un faible, sa seule force est son arme. Pff, c’est bien un humain.

- Heureusement que t'es là. Sinon, le pauvre homme aurait était traumatisé à vie. J'aurais joué avec avant de le laisser partir. C'est bien d'avoir un coté raisonnable... Haha. Moi j'en ai pas. J'agis, puis je réfléchis la plupart du temps, c'est dans cette ordre que je procède.

Elle est bien courageuse, cette petite... Moi qui n’aime pas les chiots, j’ai l’impression de passer mon temps à en rencontrer. J’aimerais tellement croiser un beau chien, mature mais avec du caractère ? Ce n’est pas que je cherche l’amour, mais j’aime bien avoir des connaissances masculines, et surtout adultes. Bref, je reporte mon attention sur la petite.

Elle se lève et part à l’opposé de l’endroit où elle a laissé le lapin. Je la regarde faire, ne comprenant pas trop. Puis elle fait demi-tour. A, c’est mieux comme ça. Elle me ramène mon morceau de viande, le dépose à mes pattes puis continu son chemin. Je finis de deux coups de crocs ma nourriture, puis je dépose la carcasse au sol et lance à la chienne :

- Au fait, je suis Luna, chef du quartier Ouest.

La jeune chienne s’immobilise, puis pose son morceau de lapin au sol avant de se retourner d’un geste brusque et de lancer :

- Est qu'est ce que je dois comprendre par là ? Tu ne va tout de même pas essayer de me soumettre ? Non, parce que si c'est ça je te le dis d'avance jamais je ne me soumettrais à personne ! Je suis libre et je le resterais, pour toujours. Je ne dis pas ça méchamment, je te préviens, c'est tous.


Je n’hésite pas à lui rigoler au nez. Parce qu’elle croit vraiment que je compte la « recruter » ? Quelle bonne blague ! Nan mais j’vais tout de même pas aller ramasser des chiots ! J’en ai déjà assez avec ceux des autres meutes... Bon, je contrôle mon fou rire, puis je lui réponds :

- T’as pas a t’inquiéter, je comptais pas « te soumettre » ! Et de toute façon, je recrute des guerriers, pas des chiots !

Je rigole encore un peu, ne pouvant pas me retenir, puis je continue :

- Et puis, si je soumettais les chiens de ma meute, je n’aurais pas dis « chef » mais tyran. La meute, c’est pas une prison, c’est une famille, une protection.

-Haha. Ris moi au nez. Mais tu sais, je suis peu être un chiot, mais je sais me faire respecter ! Justement je suis un chiot. J'ai 6 mois. Et déjà, j'arrive à soumettre un humains ! Puis, je ne compte même plus les fois où je me suis battus contre un chiens plus âgée que moi et que j'ai gagné. Alors, non, je ne suis peut être pas un guerrier mais j'ai du cran, du courage, du caractère ect. Et pour moi être dans un clan, c'est n'être pas libre, c'est devoirs toujours prévenir avant de partir et j'en passe. Donc, ma définition de clan c'est "Soumis". Mais ça c'est mon point de vu. Chacun à le sien. Je m'en fiche de ce que pense les autres, et je n'ai absolument rien contre ceux qui sont dans des clans.

Je rigole encore un fois. Les membres d’une meute, des « soumis » ? Elle a des idées bizarres, cette petite ! Si je soumettais mes compagnons de clan, ce serait vite l’anarchie ! Des chiens se serait rebellés et je serais morte ! Ahahah ! Bon, aller, je me calme, il ne faudrait pas vexer la petite guerrière. Elle risquerait de me sauter à la gorge, il faut que je fasse attention. Ahah, même dans mes pensées, je suis ironique. Je suis vraiment douée. Ou bizarre. Ou les deux.

- Tout les chiens de meute te diront qu’être dans un clan n’a rien à voir avec être soumis. Et tout mes guerriers sont libres de faire ce qu’ils veulent, même de quitter la meute si l’envie leur prend.

- Bas t'es cool comme chef de meute. Bref.

Elle s’allonge par terre, continuant de manger son lapin et regardant à l’horizon, comme perdu dans des pensées profondes. Je trouve ça bizarre que d’un coup, elle s’arrête de me lancer des piques. Bon, je vais m’arrêter aussi. De toute faon, je commence à fatiguer.

- Et tout les chefs sont comme ça. Du moins les deux autres que je connais.

Je me lève et m’étire de tout mon long, baillant la gueule grande ouverte, dévoilant en même temps mes crocs de loups. C’est un grand avantage de ressembler à un canidé sauvage. Ça intimide certains chiens qui préfèrent abandonner le combat plutôt que prendre le risque d’affronter un loup, et puis ça m’évite de subir les caresses des petits morveux d’humains. Bref, je suis fière de mes origines.

Bon, bas d'accord... Pour moi ce n'était pas vraiment comme ça. Bref, je m'ennuie un peu ici maintenant. Je finis vite mon lapin, puis pars, oui, j'en ai marre de cet endroit, j'ai envie de changement. Alors je m'en vais, c'est ma solution à moi. Bref, je pars pour de nouvelles aventures loins d'ici...

Je finis mon lapin en deux trois bouchées, puis je la vois s’en aller, sans dire un mot. Moi aussi, je vais y aller. Je vais peut-être rentrer chez moi. Ou alors traîner en territoire ennemi, comme à mon habitude. Je ne sais pas encore. Donc je me lève, m’ébroue pour enlever les brins de blé de mon beau pelage de loup, puis je pars tranquillement, ne sachant pas vraiment où aller. Finalement, je vais peut-être passée faire un petit coucou à Alan et à ses parents, ça fais déjà plusieurs jours que je ne suis pas rentrée, ils vont finir par s’inquiéter.

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Bon bah finis