Le hasard ? La malchance ? Ou alors le destin ? [ ♣ Eddie ]

J’entends des cris d’humains, puis je vois un chien sauter par dessus la grille du collège pendant qu’une dizaines de « pions » comme les appellent Alan, se prennent la grille. J’éclate de rire, la scène est juste hilarante. Finalement, après s’être plaint de douleur et avoir hurlé sur le chiens, les humains repartent, comme si rien ne c’était passé.

Après avoir finit de rire, je me retourne vers le chien qui n’est autre que Eddie, le chien au sale caractère que j’ai rencontré au parc du quartier Est. Encore en train de s’amuser, à ce que je vois. Je l’aime bien, ce chien. Compliqué et rebelle, comme je les aime. Comme moi, en fait. A vrai ire, je m’aime aussi. Bah quoi ? Y’a pas de mal à être un peu narcissique ! Bref, j’observe le grand croisé, qui rit de mauvaise blague. Finalement, je me relève sans le quitter du regard, puis lui lance :

- Tiens, Eddie ! Comme on se trouve !

Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ce mystérieux individu fascinant, hypnotisant. Ce n’est pas que je suis une de ses fanes en folies, mais son caractère, son personnage m’intrigue. Bref. Je détourne le regard pour regarder à l’intérieur du collège, où je peux apercevoir des adolescent nous observer, comme fascinés par les deux simples chiens que nous sommes.

Le jeune chien bombe le torse sous le regard des quelques gamins qui nous observent, puis me réponds, joyeux :

- Hey salut toi ! Ça faisait un bail ! Je ne m'attendais pas à te voir là, qu'est ce que tu fais ?

Et bien, c’est qu’il est de bonne humeur, le petit Eddie ! Ça change de notre dernière rencontre, où l’on s’est un peu disputés ! Mais bon, ce n’est pas plus mal comme ça. Au moins, ça ne partira pas en dispute, voir en bataille. Et puis déjà que je suis de bonne humeur, le voir joyeux me rend encore plus joyeuse.

Si ça aurait été quelqu’un d’autre, je l’aurait chassé vite fait de mon territoire, n’aimant pas vraiment les intrus. En fait, c’est surtout les chiens d’autres meutes que je n’aime pas. Les solitaires ne me gênent pas tant que ça, et tant qu’ils ne sèment pas la zizanie, je les laisse traîner sur mes terres, même si cela ne m’enchante pas trop. Mais là, ce n’est pas pareil ; après tout, c’est Eddie. Je l’aime bien lui.

- Bah je suis sur mon territoire, et je passais par là par hasard. Et toi ?

Le chien errant me montre d’un mouvement de la tête les deux grosses cuisses de poulet déposées au sol et me répond :

- Eh bien comme tu peux le voir, je prends mon déjeuner !

Déjeuner qu’il a sûrement piqué lors de sa petite visite du collège. Il a du passer par la cantine. Alan se plaint souvent de la nourriture, mais elle n’a pas l’air si mauvaise que ça. En tout cas, c’est toujours meilleur que la pâté qu’il me sert. Les humains ne sont jamais contents, de toute façon. Ils ne savent pas se contenter de ce qu’ils ont. Alors que nous, les chiens, on doit faire avec.

- D'ailleurs, j'en ai deux, ça te dira d'en prendre une ? Y'a rien de meilleur !


Quoi ? Il m’offre une cuisse de poulet ? J’espère que ce n’es pas un piège ou un truc dans le genre... Ou je suis peut-être paranoïaque. Oui c’est sûrement ça. Bon, oui, il a raison, tirons un trait sur notre première rencontre et repartons plutôt de bon pied. Je lui laisse un de mes rares sourires sincères avant d’accepter.

- J’veux bien.

Quoi ? Vous vous attendiez à un « avec plaisir » ou une autre formule bien polie ? Nan, sérieusement, ce n’est vraiment pas mon genre. Et puis il le sait bien, j’ai un langage adapté à mon caractère. Je savoure d’avance cette cuisse de poulet, et même si je n’en ai jamais mangée [ Car oui, Alan fait attention à ma ligne, comme il dit ( ou alors il veut tout garder pour lui, ce qui est bien possible quand on y pense. ) ] ça à l’air délicieux.

Il commence à engloutir sa cuisse, qui fut finit en à peine trois bouchées. Et bah, il mange vite ! Quant à moi, j’attrape la cuisse qu’il m’a offert et je croque dans la chair tendre du poulet. Hum, c’est succulent... J’ai bien vite fais de la finir à mon tour, alors je me mets à mâchouiller l’os. Ahah, si Alan me voyait, lui qui m’a toujours interdit les os, de peu que je m’étrangle avec ! Tss tss, je ne suis pas nulle à ce point quand même !

Bref. Donc, je relève la tête et observe le grand croisé. Il est vrai qu’il n’a pas un physique désagréable... Mais bon. Trêve de rêveries. Je finis par briser en deux l’os d’un coup de crocs pour goûter à la délicieuse moelles, puis je crache les morceaux d’os qui me sont restés dans la bouche.

Eddie se fige à la vue d’une petite camionnette, qui n’a pas l’air bien méchante. Pourtant, le chien tricolore fait grand bond en avant, comme près à déguerpir, puis revient vers moi et me dit d’un air pressé :

- Viens miss lupine, c'est l'heure de décamper !

Miss lupine ? Je n’eus même pas le temps de réagir à mon nouveau surnom qu’il se sauve déjà. Finalement, je le suis en courant, jetant parfois quelques coups d’œil derrière moi ; Trois hommes viennent de sortir du camion et sont maintenant en train de nous chercher. Ils nous ont déjà perdus de vue, ses imbéciles. Je prends le premier tournant à la suite d’Eddie, mais il me semble qu’ils nous ont repérés car je les entends encore crier.

Finalement, je crois qu’on les a semés. Enfin je ne suis pas sûre. On est maintenant dans une sorte de terrain de football où les collégiens et lycéens viennent jouer après les cours. J’espère que les hommes de la camionnette ne viendront pas nous chercher jusqu’à là... En attendant, je souffle un peu et en profite pour l’asseoir. Encore haletante, je demande à Eddie :

- C’était la fourrière, c’est ça ?

- Dans le mille louloute !

Contrairement à moi, le chien semble habitué à décamper rapidement. Après tout, c’est peut-être ça. C’est un chien errant, il doit donc faire attention à la fourrière ou aux autres problèmes que peuvent rencontrer les non-domestiques. Personnellement, je ne pourrais pas vivre comme ça, toujours à l’affût du moindre danger et prêt se sauver à toutes pattes. Je préfère pouvoir faire ce que je veux sans être toujours sur mes gardes, avoir un toit où dormir et des maîtres qui m’aiment et s’occupent de moi, même si j’aime me débrouiller seule. Mais bon, après tout, on est tous différents.

Bon. Il va peut-être falloir faire quelque chose. Je n’aime pas vraiment rester à rien faire. Même reprendre mon souffle, je trouve ça trop ennuyant. Il faut toujours que je m’amuse, que je m’occupe, comme un chiot. Sauf que moi, au contraire d’un chiot, j’ai des responsabilités, ce qui n’est pas toujours très positif. Finalement, sans vraiment savoir pourquoi, je sors :

- J’t’aime bien toi.

Sa queue se met à balancer vivement de droite à gauche, comme un chiot qui reçoit des caresses d’un humains. Oh, mais qu’il n’en insinue rien, ce n’est pas parce que je l’aime bien que j’ai succombé à son soit disant charme légendaire. Il en faut plus pour m’impressionner. Il s’approche de moi et me donne un petit coup de museau dans l’épaule avant de me dire :

- Moi aussi je t'aime bien !

Ahah, bah heureusement ! Qui ne m’aime pas, franchement ? Bon, ok, beaucoup de personnes, mais lui, ce n’est pas pareil ! En quoi c’est différent ? Et bien tout simplement parce que c’est comme ça, c’est moi qui décide ! Finalement, pour le taquiner un peu, je lui lance :

- Ahah, et ne va pas penser que je t’ai succombé, il en faut plus pour m’impressionner !

- Oh si ce n'est que ça !

Je rigole un peu, non pas pour me moquer de lui, mais d’amusement. C’est que le petit Eddie n’aime pas quand on lui résiste ! Il pose es pattes avant sur mon flanc pour me faire basculer au sol. Je me laisse faire sans résister puis roule un peu pour me retrouver sur le dos, mais de façon à quand même voir Eddie. Je plante mon regard dans le sien. Il a des yeux hypnotisant... Non, je ne me laisserais pas avoir, je ne suis pas comme toutes ses filles. Je secoue la tête et rigole, visiblement de bonne humeur aujourd’hui. Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs. J’ai juste envie de rire, même pour un rien. Je suis bizarre des fois...

Il me maintient au sol de ses puissantes pattes avants. Je n’essaye même pas de me dégager, de toute façon, je n’en ai ni l’envie, ni même la force. Car oui, je suis forte, mais ce chien là, malgré son jeune âge, n’est pas non plus un petit maigrichon. Et puis, je suis bien, là, couchée sur le sol. Sa queue bat l’air de gauche à droite, la mienne aurait fait de même si elle aurait pu, mais il se trouve qu’elle est immobilisée au sol.
Toujours heureuse et avec cette bonne humeur qui ne risque pas de s’en aller de si tôt, je lui fais une petite léchouille amicale sur la joue.

Il reste figé quelques secondes, puis affiche un grand sourire. Ahah, ça va être mon tour de me la jouer charmeuse. On ne le sait pas forcement, mais j’ai un petit coté dragueuse, il suffit juste de savoir réveiller la bête. Il se recule un peu pour me rendre ma liberté, j’en profite pour me relever et m’ébrouer.

Finalement, je m’étire, puis je baille ; je commence à fatiguer, moi. Ça fait longtemps que je n’ai pas dormis, enfin trop longtemps à mon goût. Par contre, je ne sais pas vraiment où dormir... Et finalement, je n’ai pas très envie de rentrer chez moi. Pas maintenant. Peut-être que Eddie connaît un lieu où je pourrais passé la nuit ? Je lui demande :

- Au fait, tu sais où je pourrais dormir cette nuit ? J’ai pas vraiment envie de rentrer chez moi aujourd’hui.

Ses oreilles se dressent d’un coup sur son crâne, comme s’il était soudainement plus intéressé par la conversation. Alors, il me répond :

- Eh bien...Viens avec moi dans les Terres Neutres !

Je lui souris. Après tout, pourquoi ne pas passé cette nuit avec lui ? Je l’aime bien, je le considère comme un ami. Et puis disons que sa compagnie n’est pas ennuyante. Pet-être qu’il me présentera ses amis ? Je pense qu’un chien comme lui a des amis qui lui ressemble de caractère, alors ça risque d’être intéressant. Rien qu’à cette idée, ma queue se met à battre énergiquement de gauche à droite.

- Bonne idée !